9 juillet 2012 1 09 /07 /juillet /2012 22:59

 

C'est compliqué d'expliquer à un petit garçon de 5 ans que les traitements qu'on lui inflige sont pour son bien alors que ce qu'il voit, lui, c'est qu'ils le rendent encore plus malade. Quand il est à la maison, il est en pleine forme, et à peine arrivé à l'hôpital, il commence à aller mal...

 

Au début, on pouvait lui dire que la maladie était là, accrochée à son rein, et que les chimios allaient la faire fondre, comme de la glace au soleil. Le médecin lui avait montré les clichés et il lui avait fait un dessin afin qu'il comprenne bien. Il avait accepté, malgré les effets secondaires et même si la maladie restait pour lui assez abstraite parce qu'il n'avait pas vraiment de symptômes (excepté au tout début)...

 

Puis il y a eu la chirurgie. Il fallait enlever la boule. Là c'était facile à imaginer. Oui, mais... Comment comprendre, à son âge, qu'en sortant du bloc il allait plus mal qu'avant ? Comment lui expliquer que tous ses organes avaient été malmenés et qu'il faudrait du temps pour que tout se remette en place ? On avait essayé de le préparer mais il pensait (de façon très logique) qu'une fois la méchante boule retirée tout irait mieux !

 

Il pensait peut être qu'ensuite ce serait fini... Mais nous avons enchainé avec la chimio haute dose et l'auto-greffe. "On va nettoyer ton corps pour en retirer la mauvaise moëlle et réinjecter de la nouvelle toute propre." Là encore, ça semblait simple, et pourtant... Il a passé des semaines d'horreur, sans pouvoir avaler sa salive tellement il avait la bouche pleine d'aphtes, il a fini en réa, ils ont bien cru le perdre à plusieurs reprises... Comment lui expliquer ? On pouvait simplement lui dire que quand ses globules blancs remonteraient, enfin, ça irait mieux !

 

Puis, à l'issue de tout ça, fin avril, après huit mois de combat acharné, les résultats des examens sont arrivés. Plus de traces de la maladie. Enfin, ça y est, elle est partie ! On a fait la fête, on était contents, tellement contents...

 

Mais, alors qu'il croyait en avoir vraiment fini pour de bon, on a attaqué la radiothérapie. Une nouvelle étape, pleine d'angoisse pour lui parce qu'il ne connaissait pas. "On va envoyer des rayons lasers pour nettoyer le trou laissé à la place de ton rein, là où était la méchante boule". Pour faire disparaitre les dernières poussières de maladie. Mais quelles poussières ??? On venait de lui dire que la maladie était partie ? Comment lui faire comprendre que, oui, on ne voit plus rien, mais que non, ça ne veut pas dire que la maladie ne reviendra plus, et qu'il faut quand même continuer à le soigner "au cas où"...

 

Si ça n'avait été que la radiothérapie encore... Mais il y a eu ensuite les cachets à prendre par la bouche. On commençait à peine à retrouver nos marques chez nous, et il a fallu intégrer ça à son quotidien, et lui expliquer qu'il fallait impérativement les prendre. Pour soigner la maladie, encore...

 

Et dernièrement, l'immunothérapie. Retour à l'hôpital. Retour dans l'univers de la maladie. Et inévitablement, effets secondaires... A nouveau, comment lui faire comprendre qu'il va devoir repasser par des moments très durs, où rien n'ira, alors qu'il y a à peine quelques jours il courait dans le jardin en pleine forme ? "C'est pour ton bien chéri"... Tu parles !

 

 

J'ai constamment l'impression de lui mentir. A chaque épreuve qu'il surmonte, en voilà une nouvelle qui se présente. Est-ce qu'on aurait mieux fait de lui dire dès le départ tout ce qui l'attendait ? Je n'en suis pas sure. Mais a-t-on fait le bon choix en cloisonnant les étapes et en ne les lui annonçant qu'au dernier moment (ou presque) ? A-t-on été honnêtes ? Etait-ce vraiment pour le protéger ? Ou pour nous protéger, nous, pour éviter d'affronter son regard d'enfant sur la réalité qu'on fuyait ?

 

 

Pour répondre à la question de comment Lucas vit tout ça, eh bien je dirais "pas très bien, mais pas trop mal". C'est dur pour lui parce qu'il a l'impression que ça n'en finit jamais (et ce n'est d'ailleurs pas tellement faux...). On sent beaucoup de colère en lui, qu'il exprime de façon plus ou moins explicite, et il nous fait bien comprendre qu'il n'est pas d'accord avec tout ce qui lui arrive, ces derniers temps davantage qu'avant je trouve. Mais ça ne dure jamais bien longtemps et il finit toujours par s'adapter, trouver les ressources nécessaires pour faire face et même apprécier certains moments malgré tout.

 

Pour ne citer qu'un exemple, il n'a pas dit un mot pendant tout le trajet en voiture hier soir quand nous avons pris la route de l'hôpital et il a trainé les pieds entre le parking et l'entrée, mais une fois dans l'ascenseur, il s'est fait une joie d'appuyer lui-même sur le bouton de l'étage (notre rituel), et en arrivant dans le service il me précédait dans le couloir.

 

Plusieurs fois dans la journée, il dit "non", refuse de participer aux soins ou de faire ce qu'on lui dit. Et puis dix minutes plus tard il rigole avec l'infirmière. Sans rancune...

 

Et puis il y a toujours ces questions... Juste un exemple, pas plus tard que ce soir... "Maman est-ce que quand je ne serai plus malade je serai mort ?"

 

Voilà...

 

 

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commentaires

G
Que c'est dur, nous on n'est pas encore rendus à tout ça, on vient juste de terminer l'étape de l'auto-greffe mais déjà c'était tellement difficile. Il va falloir passer à la radiothérapie<br /> maintenant, et comme il est trop petit ils vont devoir l'endormir à chaque fois...<br /> Bon courage !
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F
Bonjour Sophie et toute la famille,<br /> <br /> Je suis très touchée par ce dernier message. On vous suivait de loin à l'école, on savait que Lucas subissait de lourds traitements, mais jamais je n'aurais imaginé que c'était si dur. Quel combat<br /> ! Quelle force il vous faut !<br /> <br /> C'est vraiment moche cette maladie, et quand en plus ça touche un enfant, c'est encore plus intolérable !<br /> <br /> Lucas nous donne à tous une belle leçon de courage. Tout comme toute votre famille !<br /> <br /> Famille Noury
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S
Oh Sophie!!! Que c'est dur de lire ça, de prendre conscience de tout ce qu'a traversé Lucas. Quand on vous suit au jour le jour, ça nous parait déjà long et difficile (d'autant plus je pense quand<br /> on l'a vécu aussi avec son propre enfant), mais là, à voir tout ça résumé, on prend vraiment conscience de la longueur du chemin, et du courage dont Lucas a fait preuve tout du long.<br /> Vraiment, un grand BRAVO à ton petit champion, et à toute votre famille également, parce que la maladie n'épargne personne et si Lucas a pu se battre aussi fort, c'est parce que vous étiez tous là,<br /> solidaires, derrière lui.<br /> Vous êtes vraiment une famille géniale, Sophie, n'en outes jamais, et sois sure que vous avez toujours fait les bons choix, du début à la fin.
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E
Je ne sais pas vraiment quoi ajouter ce soir à tout ce que je lis. C'est tellement injuste, cette maladie, comment un enfant peut-il subir tout ça? Comment un parent pourrait-il l'accepter?<br /> Vous ne mentez pas à Lucas, vous lui dites ce qu'il peut entendre au moment où vous lui parlez. Et il s'en est bien sorti jusque là!! Et il continuera... vous faites pour lui tout ce que vous<br /> pouvez étant donné la situation et vous êtes admirable, croyez-le bien.<br /> Encore une tempête à passer (je sais bien que c'est si facile à dire pour nous!!) et puis après, Lucas se remettra à courir dans le jardin... et puis, quand bien même il ne comprendrait pas<br /> pourquoi maintenant, un jour, il saura que vous avez tout fait pour, à terme, lui rendre sa vie de petit garçon.<br /> Courage, tenez bon, votre Petit Loup aussi, toute votre famille... on voudrait tellement faire plus!!<br /> Ce soir, je pense TRES fort à vous.<br /> Plein de pensées affectueuses,<br /> Emmanuelle
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M
Que ces lignes sont dures à lire.<br /> Tout simplement parce que un petit garçon comme Lucas ne devrait pas avoir à subir tout ca! aucun enfant d'ailleurs, ce n'est juste pas concevable, et je me joint à votre colère.<br /> Pauvre petit loup ,encore des soins, des piqure, des souffrances...Mais oui, c'est pour SON BIEN, meme si je le repete, ca ne devrait pas être ainsi.<br /> Je ne pries pas parce que toute croyance en un dieu quelqu'il soit s'est completement éffacé en moi, mais je crois tout ce que je peux pour faire en sorte que ce traitement d'appoint soit le<br /> dernier, et que cette saloperie disparraisse a tout jamais du corps de votre petit ange Lucas!<br /> <br /> Il va guerir, c'est sur, et tout ca ne sera pas pour rien!<br /> La mort, il aura le temps d'en entendre parler beaucoup plus tard, parce qu'elle n'est pas DU TOUT a l'ordre du jour!<br /> Moi, je pense à sa rentrée en septembre, et le noël à venir!!!<br /> <br /> Courage Sophie, courage Petit Champion, on est derriere toi, et si on pouvait prendre ta souffrance, on le ferait volontiers!<br /> <br /> Enormes pensées affectueuse pour vous tous!<br /> <br /> Michael
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K
Sophie!! que c'est difficile de te lire...çà remue les tripes comme on dit !! tu écris si bien.<br /> <br /> Je pense que vous avez bien préparé LUCAS avant chaque nouvelle étape,un enfant de 6 ans ne peut pas se projeter comme nous quelques semaines à l'avance.<br /> Au contraire, je trouve que vous avez été merveilleux, attentifs et toujours à son écoute.<br /> C'est vrai, comment expliquer à en enfant qu'il est guéri, que la méchante boule est parti, mais qu'il doit continuer tous ces traitements.Il se demande pourquoi?<br /> <br /> Vous êtes forts tous les quatre, vivement que ce cauchemar soit derrière..nous aussi on est derrière vous par nos pensées,nos prières.<br /> <br /> Oui, LUCAS, petit bonhomme fantastique, quand tu seras guéri tu pourras vivre pleinement ta vie.<br /> <br /> Plein de pensées affectueuses pour vous quatre, courage ma petite Sophie...<br /> Kikie
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C
Oh non petit coeur, tu seras bien VIVANT quand tu seras guéris !!!<br /> Sophie, je ne vois pas ce que vous auriez pu faire de mieux dans cette situation.<br /> Vous avez en cloisonant les infos, donner du temps à LUCAS pour integrer toutes les étapes.<br /> Vous avez été incroyable, je me repète et mm si je sais que vos n'avez pas eu le choix, vous avez été admirable.<br /> Normal que Lucas soit un petit garçon si courageux, il ressemble à ses parents...
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S
Chère Sophie, que c'est dur, que c'est dur de lire ces lignes... Vous écrivez si bien, vous décrivez toutes ces étapes douloureuses par lesquelles passe Lucas sans que jamais il n'en voit la fin...<br /> Vous ne lui avez jamais menti, vous avez toujours expliqué avec ses mots à lui, et finalement, a près un instant salutaire de révolte, il a bien accepté, à chaque fois... Que pouviez vous faire de<br /> mieux ? Je trouve que vous avez su l'amener à surmonter ces terribles épreuves avec une grande intelligence, douceur et patience, et il le sent, du haut de ses 6 ans. Je pense qu'un enfant de cet<br /> âge vit au jour le jour, vos exemples sur le bouton de l'ascenseur ou ses rapports avec les infirmières le montrent bien , et c'est la raison pour laquelle il était nécessaire de "cloisonner" les<br /> étapes ! Lui annoncer tout à l'avance n'aurait eu aucun sens. Vous raisonnez en adulte mais lui, heureusement, en petit garçon, et sa colère est "saine" et nécessaire. Quant aux questions<br /> douloureuses qu'il pose, elles montrent bien sa maturité, mais là encore, même si elles vous font très mal, il ne faut pas les prendre au premier degré (difficile j'imagine). Vous avez notre<br /> admiration à tous, ici les internautes, soyez en sûre, Lucas et vous, mais aussi le Papa et la grande soeur. Je vous embrasse bien fort et vous souhaite du courage, je pense à vous tous les jours.
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Présentation

  • : Lucas, sa vie, son combat.
  • : Le combat de Lucas, 4 ans 1/2 ans au moment du diagnostic en 2011, contre une vilaine maladie appelée neuroblastome métastatique de stade IV (cancer pédiatrique). Un récit écrit par sa Maman au jour le jour pour partager avec vous les petits et gros soucis du quotidien tout au long de cette épreuve. Laissez un commentaire lors de vos visites ça nous fera très plaisir.
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