Aujourd'hui, un pas a été franchi. Une loi a été votée. Le "droit à l'oubli". C'est quoi, me direz-vous ? C'est une loi qui supprime l'obligation pour les anciens malades du cancer de mentionner leur maladie auprès des banques et des assurances (une fois déclarés guéris bien sûr).
Cette petite phrase n'a l'air de rien. Peut-être ne vous êtes vous jamais posé la question, et moi non plus d'ailleurs, "avant". Mais une fois qu'on bascule dans le monde du cancer, après avoir lutté pour sa vie, ou la vie de son enfant pour mon cas, après avoir accepté les séquelles qui vont devoir l'handicaper pour le restant de ses jours, une fois qu'on souffle un peu et qu'on peut enfin se tourner vers l'avenir, on découvre, cerise sur le gâteau, que lorsqu'il sera grand, adulte, pourtant déclaré guéri depuis des années par les médecins spécialistes, il n'aura jamais droit d'obtenir un prêt ou d'être assuré comme tout le monde. Car oui, aujourd'hui, ou plutôt hier, un adulte qui avait eu la malchance d'avoir un cancer dans son enfance se voyait systématiquement refuser tout contrat, sous prétexte qu'ils était un client "à risque" : pas de maison, pas de voiture, pas d'investissement professionnel, pas d'assurance en cas d'accident ou de maladie n'ayant pourtant aucun lien avec le cancer... Difficile pour nous, Julien et moi, en tant que parents, d'accepter ça et de se dire qu'une fois encore, notre fils serait victime d'une injustice qui l'handicaperait dans sa vie d'adulte. On en a parlé plusieurs fois, se disant qu'il fallait qu'on économise dès maintenant, pour lui venir en aide plus tard, et lui prêter nous-même un peu d'argent quand il en aurait besoin. Moins qu'une banque évidemment, mais ça aurait toujours été mieux que rien...
Désormais, nous savons qu'une fois déclaré guéri, c'est à dire cinq ans après la fin des traitements, il n'aura plus besoin de mentionner le cancer qu'il a eu à 4 ans 1/2, et il pourra emprunter comme tous les autres. Il pourra faire des projets, lui aussi, et mener sa vie comme il l'entend.
Ce soir mon coeur de Maman est soulagé et plein d'espoir. L'avenir de mon fils s'éclaircit grâce à cette loi, et je l'imagine déjà avec sa première voiture (un petit clin d'oeil à Monique si elle me lit...).