13 septembre 2016 2 13 /09 /septembre /2016 20:19

Voici le témoignage très instructif de Vincent, le papa de Baptiste qui se bat contre un neuroblastome.

 

"Je viens apporter ici le témoignage d'un papa, point de vue peu souvent mis en avant, et je remercie Sophie de me permettre de le faire ici.

 

Comme Lucas, mon fils Baptiste se bat aussi contre un neuroblastome. Il est en traitement depuis 8 mois et suit actuellement l'immunothérapie. C'est un petit bonhomme de 4 ans plein d'énergie, qui ne se plaint jamais et garde la pêche quoi qu'il arrive.

 

On parle souvent des mamans qui sont plus présentes à l'hôpital aux côtés de leur enfant. Mais il ne faut pas oublier les papas. Quand on a appris la maladie de Baptiste il a fallu faire un choix, il fallait que l'un d'entre nous arrête de travailler pour accompagner Baptiste et que l'autre continue pour pouvoir faire vivre la famille, car malheureusement l'argent ne tombe pas du ciel. Pour diverses raisons pratiques c'est sa maman qui a mis sa vie professionnelle entre parenthèses. C'est donc elle qui va aux rendez-vous, elle qui est présente en journée avec Baptiste, elle qui s'en occupe aussi à la maison car il ne peut pas aller à l'école ni être gardé en collectivité. Moi je travaille du lundi au vendredi, je dors avec lui deux nuits par semaine lorsqu'il est hospitalisé et je prends le relai les weekends. En dehors de ça j'assure les tâches du quotidien, je vais faire les courses sur ma pause de midi, en rentrant je fais le ménage, les lessives, le repassage, je gère l'administratif, je vais à la pharmacie... Je fais en sorte que ma femme soit disponible pour Baptiste en la soulageant au maximum sur le plan pratique.

 

Lorsque je suis au travail mes pensées sont constamment tournées vers eux, il n'est pas rare que j'échange une dizaine de sms dans la journée, et quand ça ne va pas je n'ai qu'une envie c'est être auprès de lui. Mais je ne peux pas, mon employeur m'a bien fait comprendre que si je suis trop absent ou si je suis moins performant qu'avant, c'est la porte. J'ai déjà épuisé tous mes congés alors, même quand il a été en chambre stérile pour sa greffe ou qu'il a été transféré en réanimation, j'ai continué à travailler. Pour beaucoup j'ai de la chance d'avoir cet échappatoire comme bouffée d'oxygène mais croyez moi, c'est une vraie torture quand on sait que la situation est critique, que tout peut basculer en une seconde et qu'on est loin, impuissant, sans savoir ce qui se passe.

 

Quand je suis à l'hôpital, j'ai parfois l'impression d'être perdu car je ne suis pas toujours au courant des dernières décisions. Tout évolue tellement vite que, même si on communique beaucoup avec ma femme, il y a certains détails qui m'échappent forcément. Quand le personnel médical entre dans la chambre ils s'adressent spontanément à ma femme, ou quand elle n'est pas là ils me disent "on verra ça avec la maman". Pourtant Baptiste est mon fils, et c'est parfois dur à encaisser. Par la force des choses, au bout de quelques mois j'ai fini par me mettre en retrait, pensant que ma femme saurait forcément mieux. Elle, de son côté, trouvant pesant que je me repose trop sur elle, cela a entrainé pas mal de tensions entre nous jusqu'à ce que nous mettions les choses à plat.

 

​Ma femme est très émotive et quand rien ne va, que nous sommes au creux de la vague, elle rentre bouleversée. C'est normal, c'est la maman. Moi, il faut que je sois fort, après tout je suis le papa. Encore un cliché bien ancré dans la tête des gens. En réalité je ne suis pas moins sensible, les émotions sont les mêmes et il est ridicule de penser que je puisse être moins touché par l'état de santé de mon fils. Mais un homme de pleure pas, un homme ne montre pas ses faiblesses, alors je fais le fort et j'encaisse.

 

​Voilà mon quotidien de papa d'enfant malade. Nous sommes souvent dans l'ombre des mamans mais nous ne sommes pas moins impliqués. Nous sommes des humains, nous aimons nos enfants de tout notre coeur et nous faisons le maximum pour les aider dans leur combat. Alors s'il vous plait, ne nous oubliez pas."

 

​Vincent

 

 

 

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commentaires

K
Je dis Bravo à tous les papas, ils sont la plupart du temps autant impliqués que la maman mais il faut bien que quelqu'un travaille...et c'est souvent le papa car les salaires des papas sont souvent supérieurs à ceux des mamans. <br /> Vincent, votre témoignage m'a bouleversée, j'ai ressenti votre souffrance cachée...<br /> J'envoie des tonnes d'ondes positives affectueuses à Baptiste, et mon soutien à ses parents.<br /> Kikie
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L
votre témoignage est tellement, de ne pas vous "intégrer" complètement dans la maladie de votre petit est déplorable, l'amour n'est ni plus ni moins fort selon le parent..<br /> quant à votre employeur, il faut lui souhaiter qu'il ne fasse jamais connaissance avec la maladie....<br /> je vous mets un lien sur une loi qui justement donne du temps aux parents pour accompagner un enfant :<br /> https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028909824&categorieLien=id<br /> j'espère que cela vous sera utile<br /> mes affectueuses pensées pour votre petit Baptiste et vous
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V
Oui merci Vincent. <br /> Je saisi l'occasion de votre témoignage pour porter à la connaissance de vous tous, parents d'enfants malades, la parution d'une BD qui porte le témoignage d'un autre papa : <br /> "Anésthésie générale" de Michel Vandam / Editions Warum <br /> Résumé :<br /> Phil et Nath mènent une vie paisible en compagnie de Maxime et Léo leurs deux garçons qui grandissent en se chamaillant amicalement. Tout bascule quand les examens médicaux de Maxime révèlent leur verdict : le garçon est atteint de leucémie et va devoir subir des traitements lourds et très longs s’il veut s’en sortir. La longue farandole des médecins et des infirmières débute alors sous les yeux incrédules de Nath, la maman, qui ne comprend pas pourquoi ce drame leur tombe dessus. Léo, le petit frère, cherche à comprendre, pendant que Phil, le père, tente de tenir bon, tout en s’enfonçant dans une dépression muette.
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L
Bravo à vous et à tous les papas pour ce qu'ils font dans l'ombre. Merci d'avoir témoigné pour expliquer tout ça, c'est vrai que c'est souvent aux mamans qu'on pense mais c'est toute la famille qui est touchée. Bon courage à Baptiste, j'espère qu'il ira vite mieux.
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M
Quel beau témoignage, c est bouleversant.<br /> J espère que tout ira bien pour ce petit loulou <br /> Plein de courage
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S
Bouleversant ... Et je ne suis pas étonnée du tout. Quant à votre employeur ... Pas de mots face à tant d'inhumanité.
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F
Merci Vincent pour ce témoignage touchant, il est vrai que l'on ne s'imagine pas forcément la souffrance des pères. Je trouve la réaction de votre employeur très dure, j'espère qu'il parviendra à comprendre ce que vous traversez, ou que la société fera en sorte qu'il existe des congés pour les parents d'enfants hospitalisés. Je souhaite à Vincent tout le courage du monde, et de même à tous les autres. Merci pour vos témoignages.
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L
Quel témoignage touchant !merci Vincent de donner votre point de vue de papa<br /> Je pense moi aussi que vous avez une place difficile a tenir vous les papas <br /> Bon courage a vous <br /> Linda la maman d'ewan
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Présentation

  • : Lucas, sa vie, son combat.
  • : Le combat de Lucas, 4 ans 1/2 ans au moment du diagnostic en 2011, contre une vilaine maladie appelée neuroblastome métastatique de stade IV (cancer pédiatrique). Un récit écrit par sa Maman au jour le jour pour partager avec vous les petits et gros soucis du quotidien tout au long de cette épreuve. Laissez un commentaire lors de vos visites ça nous fera très plaisir.
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