Merci pour tous les petits mots que j'ai reçus ces derniers jours à l'occasion de mon retour au travail et qui m'ont vraiment fait chaud au cœur. J'ai surmonté cette première semaine, je crois que c'est le terme adapté… Difficile de retrouver ses repères après plus de sept ans d'absence, difficile de rester concentré toute la journée sur autre chose que sa douleur, difficile de faire bonne figure, de sourire, d'échanger des banalités alors que nos priorités ont tellement changé, difficile aussi d'affronter les regards pleins de pitié, ou ceux qui nous fuient, nous évitent, difficile de porter ce poids d'être "la maman qui a perdu son enfant d'un cancer"... Et pourtant, je crois qu'ils ont fait de leur mieux pour faciliter et accompagner mon retour, mais il y a des choses qui ne peuvent pas être faciles.
Plusieurs fois j'ai eu envie de tout quitter et de m'enfuir en courant, pour juste rentrer chez moi, me blottir sous ma couette et pleurer toutes les larmes de mon corps. Mais ce n'est pas ce que mon petit lutin aurait voulu. Il nous a appris pendant toutes ces années à ne rien lâcher, à se battre malgré les difficultés, à garder la tête haute, à supporter sans se plaindre et en plus il le faisait avec le sourire ! Il m'aurait dit "Maman, ce n'est pas si dur, tu peux le faire, tu vas y arriver, tiens bon, essaye encore"... Alors j'ai tenu bon, pour lui plus que pour moi, et je suis soulagée d'avoir surmonté cette première semaine.
Il va falloir tenir dans la durée maintenant. C'est une étape, une étape nécessaire pour continuer à avancer, car la vie continue et on n'a pas d'autre choix, mais que c'est dur de tourner la page, de s'éloigner un peu plus de cette parenthèse où toutes mes pensées étaient tournées vers Lucas et son combat contre le cancer… Pendant des années je n'ai vécu que pour ça, jour et nuit, ça a rempli ma vie. Aujourd'hui plus rien n'existe, le combat est fini, la maladie a gagné, elle a emporté notre petit guerrier, et il n'en reste qu'une cicatrice béante, un vide immense que rien ne pourra combler mais sur lequel il faut essayer de reconstruire malgré tout car sinon on s'effondre. C'est tellement dur…