Les globules blancs sont remontés aujourd'hui. Les neutros sont à 380 ! Si c'est pas magnifique ça ?!? Enfin, je reste prudente quand même... Merci à tous les parents qui m'ont rassurée en me disant que ça avait été pareil pour leurs enfants, on se sent moins seul !
Ce weekend j'ai acheté une casquette et des lunettes de soleil pour mon petit loup. Ca n'a l'air de rien comme ça, mais pour nous c'est tout un symbole. C'était la première fois que je me projetais un peu plus loin que la maladie. Sa sortie, son retour à la maison, une ballade dehors, quelques jours de vacances... Ca m'a fait tout drôle, presque l'impression de faire quelque chose d'interdit. Surtout ne pas penser trop en avant, attention c'est dangereux, tout peut encore basculer... Eh puis mince, après tout on y a droit aussi à ce bonheur, alors il n'y a pas de raison. Et puis avec ce temps, il faut qu'il soit équipé pour sa sortie ! Dire que quand il est rentré à l'hôpital le 20 février il faisait un froid de canard. On était encore en plein hiver, maintenant c'est presque l'été !
Et puis aujourd'hui j'ai profité que Julien soit à l'hôpital avec Lucas pour aller me promener avec Jade et un couple d'amis. Ressortir les shorts et les sandales, se ballader dans les petits chemins, observer la nature se réveiller tout doucement, regarder les enfants courir dans l'herbe et rire aux éclats, prendre le soleil, se retrouver à la terrase d'un café et discuter de tout et de rien... Pendant quelques heures j'ai retrouvé une vie quasi-normale, une vie insouciante, à mille lieues de l'hôpital, des prises de sang, des soins et des blouses blanches. Là encore c'est très étrange comme sensation. Comme si rien de tout ça n'avait jamais existé. Ca fait beaucoup de bien de retrouver "sa vie d'avant", même pour un court instant, et en même temps ça fait très mal, parce que c'est dans ces moments-là qu'on se rend compte à quel point notre vie a évolué ces derniers mois, et à quel point elle est devenue éloignée de celles des autres. J'étais avec ces amis, on a discuté de choses et d'autres, mais en fin de compte on ne pouvait pas vraiment se comprendre. On n'appartient plus au même monde. Ils sont loin d'imaginer ce qu'est notre quotidien, les épreuves que Lucas traverse et l'épée de Damoclès qui pèse au-dessus de sa tête.
Pendant ce temps-là Papa a patiemment supporté l'humeur de son fils, pour qui ce n'était visiblement pas un bon jour. L'infirmière a "oublié" un médicament pour la douleur ce matin, alors évidemment il n'était pas bien. Il ne voulait pas qu'on le lave, pas qu'on le touche, pas qu'on l'ausculte... Il n'aime jamais trop ça, mais d'habitude il se laisse toujours faire, et ça n'a étonné personne. Ils ne s'en sont rendus compte qu'à midi, il était temps ! Du coup Lucas a eu mal toute la matinée, et cet après-midi il était ronchon. Il a bien montré qu'il était en colère et qu'il en avait marre, et on le comprend tellement. Pauvre loulou, il avait vraiment pas besoin de ça. Vivement qu'on sorte de tout ça ! Cinq semaines aujourd'hui qu'on y est, c'est long et c'est dur. Je savais que ça ne serait pas facile, mais jamais je n'aurais imaginé que ça serait à ce point...