30 avril 2014 3 30 /04 /avril /2014 21:53

 

Une loi a été votée aujourd'hui, autorisant le don de RTT entre collègues pour permettre aux parents d'un enfant gravement malade d'être à ses côtés et de l'accompagner pendant ses traitements.

 

Voilà une nouvelle qui mérite d'être mise en avant, parce qu'enfin on comprend que la présence des parents est primordiale pour aider l'enfant dans son combat.

 

Primordiale sur le plan médical, parce qu'il faut être là pour suivre les traitements, surveiller qu'on donne bien tout ce qu'il  faut et qu'on ne donne pas ce qu'il ne faut pas (situation véridique...), lui faire avaler patiemment ses médicaments, lui faire faire ses bains de bouche, réclammer un anti-douleur quand il ne va pas bien, poser toutes les questions nécessaires pour comprendre ce qui est fait, être à la disposition du médecin quand il passe faire la visite des chambres...

 

Primordiale sur le plan psychologique, parce qu'un enfant malade a plus que jamais besoin d'être épaulé et réconforté, qu'il a besoin d'être caliné quand il a du chagrin, il a besoin qu'on lui tienne la main quand il subit un soin douloureux, qu'on lui masse le ventre ou les jambes quand il a des contractures... Il a besoin qu'on l'occupe pendant les journées où il est bloqué dans son lit, il a besoin d'être distrait, qu'on joue avec lui, qu'on lui lise des histoires... C'est important pour qu'il puisse garder le moral, et on dit toujours que le moral, c'est 50% de la guérison ! Du côté des parents, psychologiquement c'est aussi très difficile d'aller travailler alors que notre esprit est tourné à 300% vers l'état de notre enfant... Qu'on le sait tout seul, surtout s'il est mal en point, ou quand on attend des résultats par exemple...

 

La présence des parents est primordiale aussi sur le plan de l'organisation, car il faut littéralement "être à la disposition" du corps médical. Filer à tel ou tel RDV fixé à n'importe quelle heure, parfois décidé au dernier moment et de préférence en plein milieu de journée, ou être convoqué dans le bureau du médecin parce qu'il a un moment, "là-maintenant-tout-de-suite"... Quand on sort de l'hôpital, il faut courir à la pharmacie récupérer les médicaments indispensables pour le soir même... Et puis qui garde l'enfant malade quand il rentre à la maison mais qu'il doit rester en isolement ? Qu'il ne peut pas aller à l'école, ni même être en contact avec d'autres enfants, qu'il doit prendre des médicaments toute la journée, qu'on doit gérer les passages de l'infirmière matin et soir, qu'on doit surveiller constamment sa température, qu'il est fatigué, pâle, qu'il ne mange rien et vomit, et qu'il faut être attentif au moindre changement de son état, prêt à courir à l'hôpital en urgence si besoin... Croyez-moi, personne ne veut prendre cette responsabilité, famille, amis, nounou... Je ne jette pas la pierre, mais c'est une réalité.

 

Alors je confirme, la présence d'un parent est primordiale quand un enfant est malade. Et actuellement, il n'existe pas grand chose pour permettre tout ça. Certains parents se débrouillent comme ils peuvent, d'autres ne peuvent pas se permettre de quitter leur emploi, et leur enfant se retrouve alors obligé de vivre ses hospitalisations tout seul. J'en ai vus, je peux témoigner, et ce n'est vraiment pas facile...

 

Car oui, en France on a la chance d'avoir une allocation de présence parentale, généreusement versée par la CAF, et qui s'élève à... 900€. Mais que fait-on avec 900€, quand la vie continue avec tous les frais habituels, qu'on a un emprunt à rembourser, qu'il faut continuer à nourrir la famille et à payer les factures, qu'on doit faire des allers-retours quasi-quotidiens de plusieurs centaines de kilomètres entre la maison et l'hôpital, qu'il faut se loger sur place, se nourrir à la cafétéria... Sans compter les frais médicaux qui ne sont pas tous pris en charge, certains pansements par exemple, ou certains médicaments pourtant indispensables... Et gérer la garde des frères et soeurs... Alors oui, on a cette allocation et il faut l'apprécier parce que certains pays voisins (comme la Suisse) n'ont même pas ça, mais bon, quand même, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir ! Et cette loi est un bon premier pas !

 

 

Au nom de beaucoup de parents d'enfants malades, je remercie Christophe Germain, qui est à l'origine de cette loi, après avoir été confronté personnellement au cancer de son fils Mathys. Tu peux être fier de ton Papa, petite étoile...

 

 

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commentaires

L
Bonjour Sophie,<br /> <br /> Je suis contente, c'est une victoire mais concrètement, vous avez quand même pris un long congés. J'imagine que vous n'avez pas eu de rémunération pendant ce congés.<br /> Je ne pense pas que vous auriez pu remplacer ce long congés par le don de RTTs de vos collègues, a moins d'en avoir beaucoup et de travailler dans une très grosse entreprise. C'est bien que l'Etat<br /> fasse quelque chose mais c'est mieux quand la solution proposée est en adéquation avec les besoins. Je pense que pour les parents qui travaillent dans des PME avec peu de collègues, ca ne va pas<br /> beaucoup aider.
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S
<br /> <br /> Oui, c'est vrai, j'ai pris un long congé, et pendant cette période j'ai perdu mon salaire et nous avons dû nous débrouiller avec des moyens diminués quasiment de moitié et des frais augmentés. Ca<br /> n'a pas été facile, on a fait ce choix parce que pour nous Lucas était la priorité, mais ça ne s'est pas fait sans mal...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Le don de RTT ne résoudra pas tout, c'est clair. Certaines entreprises sont très petites, dans d'autres les collègues ne seront pas sensibilisés, dans certains autres cas aussi ça ne sera pas<br /> possible pour l'organisation de l'entreprise. Il y a aussi les parents qui ne sont pas salariés (en CDD, intérim, ou patrons de leur propre PME...). C'est clair que cette loi ne résoudra pas<br /> tout, MAIS c'est déjà un premier pas. Si ça peut aider quelques familles c'est déjà ça, parce que jusqu'à ce jour, même si les collègues VOULAIENT donner leurs RTT, ils ne POUVAIENT pas.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Un jour peut-être, j'écrirai un article sur la loi qui permet à tous les parents concernés d'avoir droit à un congé digne de ce nom... !<br /> <br /> <br /> <br />
C
Je lis votre blog régulièrement sans forcément laisser de messages.<br /> je suis entièrement d'accord que les parents ont besoin d'être auprès de leur enfant malade, d'ailleurs vous l'expliquez très bien.<br /> Mais est-ce normal que ce soient les collègues qui agissent et prennent sur leurs RTT pour permettre cela ? Je ne critique pas cette mesure, c'est très généreux de leur part, mais est-ce que ce<br /> n'est pas le rôle de l'Etat ??? Pourquoi ne font-ils pas une loi qui autorise une allocation DECENTE pour les parents d'un enfant gravement malade ? Ils jettent bien l'argent par les fenêtres pour<br /> d'autres sujets...
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S
<br /> <br /> Oui vous avez raison, c'est sensé être le rôle de l'Etat et ça mériterait vraiment qu'ils se bougent là-dessus... mais malheureusement ça ne les intéresse pas, ce n'est pas "vendeur", alors<br /> heureusement que d'autres se bougent à leur place. Ce n'est pas LA solution, mais c'est une petite amélioration...<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Comme je dis souvent, pour que les politiques s'intéressent au sujet, il faudrait qu'ils aient un de leurs enfants touché... C'est terrible à dire, mais là ils se rendraient vraiment compte de la<br /> situation.<br /> <br /> <br /> <br />
S
Vous avez entièrement raison Sophie, et vous savez si bien l'écrire pour le transmettre aux autres, c'est toujours un plaisir de vous lire.<br /> J'ai entendu parler de cette loi à trois endroits différents hier, et comme vous je me suis réjouie qu'on parle enfin de ce problème auquel tous les parents d'enfants malades sont concernés, et<br /> pourtant rien ne bouge !<br /> Je rajouterais qu'ils sont bien contents qu'on s'occupe de nos enfants à l'hopital, parce que sinon il faudrait embaucher pas mal d'auxiliaires pour faire notre boulot, et les infirmières qui n'ont<br /> déjà pas assez de temps, seraient surbookées s'il fallait faire prendre leurs médicaments à chacun etc...
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S
<br /> <br /> Vous avez raison, c'est quand même beaucoup plus simple pour le personnel soignant quand les parents sont là pour faire une partie du "boulot"... !<br /> <br /> <br /> Comment va Lilas ?<br /> <br /> <br /> <br />
P
Tout est dit Sophie. Tout.<br /> Merci d'avoir souligné cette première avancée vers la prise de conscience des difficultés qui entourent la maladie de nos enfants.<br /> Vous êtes souvent dans mes pensées dans cette étape de vie qu'est la rémission de nos enfants.<br /> Carpe diem.<br /> Patricia.
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S
<br /> <br /> Merci. Comment allez-vous de votre côté ? Comment va Cassie ? Ca me ferait plaisir d'avoir des nouvelles de votre championne.<br /> <br /> <br /> Bises<br /> <br /> <br /> <br />

Présentation

  • : Lucas, sa vie, son combat.
  • : Le combat de Lucas, 4 ans 1/2 ans au moment du diagnostic en 2011, contre une vilaine maladie appelée neuroblastome métastatique de stade IV (cancer pédiatrique). Un récit écrit par sa Maman au jour le jour pour partager avec vous les petits et gros soucis du quotidien tout au long de cette épreuve. Laissez un commentaire lors de vos visites ça nous fera très plaisir.
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